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d’un travail agréable par une promenade à travers les champs ou par quelque bonne causerie avec de vieux amis. Sans doute son succès eût été moins rapide, mais plus sûr et plus durable, loin de cette atmosphère parisienne où l’on vit dans une fièvre continuelle et qui roule l’imprudent qui s’y laisse une fois prendre dans son dévorant tourbillon en ne lui laissant bientôt ni repos ni trêve. Car à la fatigue d’une journée laborieuse succédera souvent la fatigue d’une veille ardente où les succès de la vanité, vanité de femme et vanité d’auteur, sans jamais satisfaire complètement, ne font que rendre la passion plus insatiable, et surexciter le désir impatient de nouvelles et semblables émotions. Ainsi le malheureux que la fièvre dévore sent par la boisson même s’augmenter sa soif inextinguible.

Oh ! bien sûrement, Élisa, demeurée dans sa ville natale, n’aurait pas entendu tant et de si bruyants échos répéter son nom ! Mais n’eût-il pas été murmuré par des voix plus connues et plus chères, celles de ses jeunes compagnes, de ses jeunes amies ! peut-être par la voix d’un époux digne d’elle, mais à qui fit peur la célébrité de la muse et la compagnie de la femme de lettres, et bien plus auteur que femme. Élisa Mercœur, dans son premier milieu, aurait vécu mère de famille heureuse et honorée, ou si, jeune fille, elle eût succombé prématurément touchée par le doigt invisible, oh ! combien ce semble, plus doucement, on l’eût vue s’éteindre I Que de précieuses consolations auraient charmé pour l’infortunée les longues heures de sa lente agonie !

Croyez-en le poète, enfant aussi de la Bretagne :