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Aussi, confiante dans le résultat de la représentation si elle avait eu lieu, Élisa répétait avec désolation sur son lit de douleur même :

« Si Dieu m’appelle à lui, ma pauvre maman, on fera mille contes sur ma mort : les uns diront que je suis morte de misère, les autres d’amour ! Dis à ceux qui t’en parleront que le refus de M. Taylor de faire jouer ma tragédie a seul fait mourir ta pauvre enfant. »

« Il y a bien de la vanité dans tout cela ! » comme dit Bossuet. Heureusement aussi que des pensées plus sérieuses préoccupaient l’infortunée. Voici ce que sa mère nous raconte et qu’on a la consolation de lire : « Désirant rentrer à Paris absoute de ses fautes, Élisa dit au curé du village qui venait la voir plusieurs fois par jour :

« Voudrez-vous, bon vieillard (il avait quatre-vingts ans), entendre demain l’aveu des fautes d’une pauvre fille qui se trouvera heureuse, si elle meurt, d’emporter au ciel votre sainte bénédiction, et, si elle vit, de porter dans le monde ce doux fardeau de grâces.

« Puis s’apercevant de l’effort que je faisais pour retenir mes larmes :

« Du courage, ma bonne mère, me dit-elle en me serrant fortement la main, du courage, n’affaiblis pas le mien par tes larmes, j’en ai tant besoin pour supporter l’idée du désespoir que te causera notre séparation. »

« L’honnête curé pleurait à sanglots. Dès qu’il lui eut administré les secours de notre divine religion, je la ramenai à Paris. »

J’aime à pouvoir ajouter encore à l’honneur de la