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d’une de ces âmes ardentes qui n’ont d’autres ressources que les passions ou les arts[1]. »

Élisa, que son intelligence élevée, son amour de l’étude et de plus nobles plaisirs auraient dû rendre dédaigneuse de ces misérables séductions du monde, s’en laissa trop affoler, parait-il. La révolution de Juillet lui ayant fait perdre ses protecteurs, elle ne conserva de ses pensions que celle du ministère de l’intérieur, mais réduite à 300 francs ! « Accueillie dans les salons de l’aristocratie littéraire, dit M. Louvot[2], mademoiselle Mercœur avait contracté des habitudes qui faisaient toute sa vie, mais qu’il lui eût été impossible désormais de satisfaire si elle ne se fût de nouveau résignée à travailler pour vivre. En outre de diverses publications, elle fournit simultanément des articles au Conteur, au Protée, au Journal des femmes, etc… Son énergie morale eût fini par lui faire oublier les amères déceptions auxquelles elle avait un moment failli succomber, si une maladie de poitrine, développée par les veilles et les fatigues, n’était venue l’enlever, le 7 janvier 1835. »

Entre ses déceptions, la plus amère aurait été, d’après les Mémoires, le refus fait par M. Taylor, administrateur général de la Comédie-Française, de mettre à l’étude la tragédie de Boabdil, reçue par le comité. La pièce cependant, où l’intérêt ne manque pas, est écrite avec une vigueur, un accent ému et passionné qu’on n’eût pu attendre de l’auteur d’après ses premières poésies.

  1. M. Mellinet, l’imprimeur de Nantes si dévoué pour Élisa Mercœur.
  2. Biographie universelle.