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publiait, de Mlle Mercœur, une nouvelle pièce : « Ne le dis pas ! morceau d’une exquise naïveté, » dit la Biographie universelle avec un enthousiasme que nous ne partageons pas, car la pièce est assez médiocre. La Biographie ajoute sur le même ton un peu bien lyrique : « À partir de ce moment, le torrent déborda et ne put plus être contenu… La critique s’adoucit devant la réputation croissante d’Élisa ; les honneurs qui lui furent ensuite décernés[1] réduisirent peu à peu ses détracteurs au silence… Puis ses amis, ses admirateurs conçurent alors le projet de recueillir ses poésies éparses dans divers recueils et d’en faire un volume qui fut imprimé au moyen d’une souscription ; ce projet, réalisé en peu de jours, produisit une somme d’environ 3 000 francs. » Cette première édition des poésies (in-18, 1827) s’enleva rapidement et le succès dépassa les espérances de la jeune muse et de ses amis et protecteurs entre lesquels se trouvait Chateaubriand, une immense autorité alors. Le volume lui était dédié ; sensible à cet hommage de sa jeune compatriote, l’illustre écrivain lui répondit, presque poste pour poste, une lettre qui, reproduite aussitôt dans tous les journaux de la localité, fut un événement et acheva la fortune du livre. Comment douter du génie d’Élisa devant des paroles comme celles-ci et signées du plus grand nom littéraire de l’époque :

« Si la célébrité, mademoiselle, est quelque chose de désirable, on peut la promettre sans crainte de se tromper à l’auteur de ces vers charmants :

  1. Élisa fut nommée membre de plusieurs académies de province.