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par la passion de l’étude et bientôt les rêves de la gloire et les séductions de la muse. Ce fut à l’âge de seize ans, qu’Élisa Mercœur fut, pour la première fois, agitée par la fièvre de l’inspiration. En rentrant d’un spectacle où sa mère, avec peu de réflexion sans doute, l’avait conduite, la jeune fille, tout émue encore de ce qu’elle avait vu et entendu, la tête en feu, ne put s’endormir, au point que sa mère la crut malade.

« Non, non, maman, rassure-toi, mais je n’y tiens plus, il faut que j’écrive ce que j’ai dans la tête sans attendre jusqu’à demain. »

Et prenant la plume, elle écrivit toute une pièce de quatre-vingt-huit vers en l’honneur de la cantatrice dont la voix l’avait charmée. Puis, se couchant, elle s’endormit d’un profond sommeil. Mais le lendemain, à peine éveillée, elle relut ses vers, les corrigea, et les ayant recopiés avec soin, les mit dans son sac, en se disposant à sortir pour aller donner ses leçons.

« Je dois passer devant l’imprimerie de M. Melmet-Malassis, dit-elle à sa mère, tant pis je me risquerai et je lui offrirai ma pièce pour le Journal de Nantes.

— Va, petite. »

La démarche réussit à souhait ; l’imprimeur-éditeur lut la pièce, donna des encouragements au poète, indiqua quelques corrections, et promit que les vers ainsi modifiés paraîtraient dans le Lycée armoricain, recueil mensuel plus littéraire et plus répandu que le Journal de Nantes. La publication eut lieu en effet, les vers firent du bruit, d’autant plus que la cantatrice, Mme Allan-Ponchard, aida à les mettre en relief par une spirituelle réponse. Quelques semaines après, le Lycée armoricain