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— Ce n’est pas assez, répondit-elle vivement ; j’ai besoin de la voir toujours, et maman est comme moi, si je juge son cœur d’après le mien ; mais oui, je la connais, elle ne consentirait jamais à se séparer de moi. N’est-il pas vrai, ma petite maman ? Nous devons vivre ensemble pour être heureuses, voyez-vous ? »

Dans cette éducation si complète en apparence, où les préoccupations scientifiques et littéraires tiennent tant de place, puisque, dès l’âge de huit à dix ans, on mène l’enfant voir jouer la Phèdre de Racine, et qu’on parle de mettre entre ses mains le théâtre du poète, comme celui de Corneille et de Voltaire, je crains que, au point de vue le plus important, il ne se soit trouvé quelque lacune. Je doute que cette excellente mère se soit autant inquiétée de l’âme de sa fille que de son intelligence et de son cœur. Sans doute, il est parlé quelque part, mais une fois à peine, je crois, du catéchisme, et plusieurs fois du bon Dieu, mais pas beaucoup de la prière ; chose véritablement surprenante, inconcevable, il n’est pas dit un mot, un seul petit mot de la première communion d’Élisa, cette circonstance si solennelle, la plus solennelle de la vie d’une jeune fille et qui laisse d’ordinaire un tel souvenir, non pas seulement dans son cœur, mais dans celui de sa mère. Les Mémoires se taisent complètement à ce sujet, quand ils s’étendent trop volontiers sur d’autres détails relativement insignifiants. Élisa, cependant, nous en aurons la preuve plus tard, avait reçu dans son cœur la précieuse semence de la foi, mais restée presque à l’état de germe, faute de culture assidue, ou du moins gênée, entravée, sinon étouffée par mille autres sollicitudes,