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sion, le Tableau parlant, Zemire et Azov, La Caravane, etc.

Cette inconstance du public Grétry l’avait expérimentée quelque temps lui-même pendant les premières années de la Révolution lorsqu’un nouveau genre de musique, créé par Chérubini et Méhul, se fut introduit sur la scène. Voyant ses premiers ouvrages délaissés, Grétry voulut donner à son style un caractère plus énergique en harmonie avec le goût actuel ; mais il échoua et les opéras de Pierre-le-Grand, Lisbeth, Elisea, n’eurent aucun succès.

Certes, il fut grandement puni par cet échec du travers que nous avons signalé plus haut, mais dont il ne sut pas entièrement se corriger, témoin ce qu’il dit à propos de l’auteur des Noces de Figaro, et de Don Juan, dont il ne comprenait pas la musique trop forte pour lui, comme pour le public du reste auquel elle s’adressait. Un jour Napoléon Ier demandant à Grétry quelle différence il trouvait entre Mozart et Cimarosa, l’artiste répondit :

« Cimarosa met la statue sur le théâtre et le piédestal dans l’orchestre ; au lieu que Mozart met la statue dans l’orchestre et le piédestal sur le théâtre. »

« On ne sait ce que cela veut dire,» reprend M. Félis. Assurément, mais ce n’est point là bien sûr un compliment à l’adresse de Mozart. D’ailleurs à cette époque la confiance en lui-même était d’autant mieux revenue à l’auteur de Richard, qu’il jouissait de nouveau de toute la faveur du public, ses ouvrages ayant été remis à la mode par le chanteur Ellevion.

Grétry retrouva ainsi l’aisance que la Révolution lui