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MERCŒUR (ÉLISA)




En tête du premier volume de l’édition des Œuvres complètes d’Élisa Mercœur (3 vol. in-8°, 1843) se trouvent des Mémoires sur l’infortunée écrits par sa mère. Telle est la puissance d’un sentiment vrai et profond, étranger à toute préoccupation littéraire, que ces Mémoires offrent une lecture des plus attachantes et ne sont pas la partie la moins intéressante de l’ouvrage. On peut leur reprocher pourtant quelques longueurs et des redites, particulièrement en ce qui concerne la première enfance d’Élisa ; mais dans ces effusions mêmes un peu prolixes de la tendresse maternelle, l’accent ému se rencontre souvent, presque toujours, et rend indulgent pour ces touchants bavardages qui sont la dernière et unique consolation d’une douleur que les mères seules peuvent comprendre, mais dont on peut juger par ce langage : « Élisa Mercœur est née à Nantes, le 24 juin 1809. Elle n’avait que vingt et un mois lorsque je restai seule pour l’élever. Alors toutes mes affections se portèrent sur ma fille, elle devint mon horizon tout entier ; je ne vis plus qu’Élisa, rien qu’Élisa, toujours Élisa ; je ne pouvais en détacher ni