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vu triste, on ne l’a jamais vu rire. Il était toujours égal et toujours le même, et l’on admirait sur son visage une satisfaction céleste que la nature ne donne point… Il n’y eut jamais dans son cœur que de la piété, que de la paix et de la miséricorde… » Le pieux historien ajoute : « Dirai-je qu’il m’a été impossible d’avoir une entière connaissance de ses actions. Et certes l’on a ignoré les choses qui n’ont eu que sa conscience pour spectateur et pour témoin, parce que, ne cherchant pas la louange des hommes, il travaillait de toutes ses forces à tenir ses vertus cachées. »

Rien n’est touchant comme la relation de la première visite faite par Sulpice Sévère au saint prélat : « Ayant dit-il, entendu parler de la foi, de la vie et des miracles de Martin, nous brulâmes du désir de le voir, et entreprîmes dans cette vue un pèlerinage bien doux à notre cœur. Or, on ne saurait croire avec quelle humilité, quelle bonté il me reçut à cette époque, se félicitant beaucoup et se réjouissant dans le Seigneur d’avoir été assez estimé de nous pour que le désir de lui rendre visite nous eût fait entreprendre ce voyage. Misérable que je suis ! J’ose à peine l’avouer. Lorsqu’il daigna m’admettre à sa table sainte, il nous offrit lui-même de l’eau pour laver nos mains. Lui-même aussi, le soir, il nous lava les pieds sans que je me sentisse la force de m’y refuser ou d’y opposer la moindre résistance, car j’étais tellement accablé sous le poids de son autorité, que j’aurais cru commettre un crime en ne me soumettant pas à tout. »

La magnifique basilique élevée à Tours en l’honneur de saint Martin, subsista jusqu’à la révolution. Même,