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ques de ce saint homme ? Ce ne furent point des funérailles, mais un triomphe. »

Voici en quels termes Sulpice Sévère, dans une lettre au diacre Aurélius, annonce la mort de son vénérable maître : « Je fus accablé, je l’avoue, mes yeux se mouillèrent et je fondis en larmes :… Ce grand homme, je le sais, n’a pas besoin d’être pleuré, il a vaincu et foulé aux pieds le siècle, maintenant il reçoit la couronne de justice…. En quel homme désormais trouverai-je un pareil appui ? Qui me consolera par sa charité ? Malheureux, infortuné que je suis ! Si je vis plus longtemps, pourrai-je cesser jamais de m’affliger pour avoir survécu à Martin ? La vie maintenant aura-t-elle pour moi quelque charme ? Passerai-je seulement un jour ou même une heure sans verser des larmes ? Pourrai-je, frère bien aimé, te parler de lui sans pleurer ? Mais pourquoi t’excité-je aux larmes et aux pleurs ? Il ne nous a pas abandonnés. Crois-moi, il ne nous a pas abandonnés. Il sera au milieu de ceux qui parleront de lui, il se tiendra près de ceux qui le prieront. La faveur qu’il a daigné nous accorder aujourd’hui, en se montrant à nous dans sa gloire, il la renouvellera souvent et toujours, comme, tout à l’heure, sa bénédiction descendra sur nous pour nous protéger. »

Le même écrivain nous dit, dans la vie du Saint, en parlant de ses vertus : « Jamais on ne l’avait vu agité par la colère ou par d’autres passions, sa charité était merveilleuse et ne faisait acception de personne. Toujours occupé, il passait les nuits mêmes dans la prière ou le travail et l’épuisement de ses forces seul pouvait l’obliger à prendre quelque repos…. On ne l’a jamais