Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cande, petite ville presque à l’extrémité de son diocèse, pour y apaiser un différend survenu entre des membres de son clergé, lorsqu’il tomba malade. Privé presque aussitôt de ses forces, il jugea que son heure était proche. Les disciples qui l’accompagnaient, rassemblés autour de son lit, murmuraient avec des sanglots : « Notre père, pourquoi nous abandonnez-vous ? À qui laisserez-vous le soin de vos enfants ? »

Saint Martin, attendri par leurs larmes, levant les yeux au ciel, fit cette prière : « Seigneur, mon Dieu, si je suis encore nécessaire à votre peuple, je ne refuse point le travail : que votre volonté soit faite ! »

« Encore qu’il fût travaillé d’une fièvre violente, dit Sulpice Sévère, il ne diminuait rien de ses pieux et saints exercices ; il passait les nuits en prières ; il contraignait son corps languissant d’obéir à son esprit, et n’avait point d’autre lit que la cendre et le cilice… Ayant toujours les yeux et les mains au ciel, son esprit invincible ne se relâchait point de la prière. » C’est ainsi qu’il expira. (11 octobre 400.)

« Ceux qui furent présents à sa mort m’ont assuré qu’ils virent sur son corps dépouillé de son âme la gloire d’un homme glorifié. Son visage était plus reluisant que le soleil ; il n’y avait pas une tache en tout son corps, et l’on y voyait l’embonpoint, la grâce et la fraîcheur d’un enfant… Il était plus pur que le verre, plus blanc que le lait, et enfin on le voyait déjà comme dans la gloire de la résurrection ; et dans ce changement de la nature par qui la chair devient immortelle, on ne saurait croire combien il vint de monde de tous côtés à ses funérailles…. Que peut-on trouver de comparable aux obsè-