Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été grand voleur ; qu’on l’avait puni pour ses crimes ; qu’il avait été sanctifié par l’erreur et par l’ignorance du vulgaire et n’avait rien de commun avec les martyrs…. Sans différer davantage, Martin fit abattre cet autel, et retira le peuple de superstition et d’erreur. »



II

On sait que Martin s’étant rendu à Trêves où se trouvait l’empereur Maxime, successeur de Gratien égorgé par ses propres soldats, refusa d’abord de s’asseoir à la table du prince. Le courageux évêque, quoiqu’il vînt en solliciteur, gardant la sainte indépendance de sa dignité, n’accepta l’invitation de Maxime qu’après que celui-ci se fût justifié « d’avoir dépouillé, comme il semblait, deux empereurs, l’un du sceptre, l’autre de la vie… Saint Martin se laissa vaincre ou par la raison ou par les prières, et alla manger avec l’empereur qui en reçut autant de joie que de quelque illustre conquête. » À la cour se trouvaient, en même temps que l’évêque de Tours, plusieurs prélats espagnols venus pour demander la condamnation à mort des hérétiques dits Priscillianistes. Saint Martin, comme saint Ambroise, blâmant ce zèle violent qu’il ne jugeait point selon la charité, s’efforca de les dissuader de leur projet d’autant plus que des motifs tout humains paraissaient diriger leur conduite. « Car pour ce qui est d’Ithace, un des deux accusateurs, dit Sulpice Sévère, on ne voyait en lui rien de grave, rien de saint. C’était un homme audacieux, grand par-