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comme témoin oculaire : « En allant à Chartres où le saint Évêque était appelé, nous traversâmes un village très-populeux et dont tous les habitants étaient encore idolâtres. Néanmoins, par curiosité ou tout autre motif, ils s’empressèrent sur son passage. L’évêque, touché de compassion, après avoir élevé ses mains vers le ciel, pour qu’il daignât les éclairer, se mit à leur prêcher hardiment les vérités de la foi. Alors, une femme sort de la foule et présentant à saint Martin son fils qui venait de mourir, elle lui dit :

« Nous savons que vous êtes l’ami de Dieu : par lui vous pouvez tout, même rendre la vie à mon fils, mon fils unique. »

L’évêque ayant pris l’enfant mort dans ses bras, fléchit les genoux, et, après une fervente prière, il le rend plein de vie à sa mère. Alors tous dans la foule s’écrient : « Le Dieu que Martin adore est le Dieu véritable, nous voulons aussi l’adorer. »

Martin n’était pas moins éclairé que zélé, en voici la preuve : Non loin de son monastère s’élevait un autel que la fausse opinion des hommes avait consacré comme la sépulture de quelque martyr. Martin, qui avait à ce sujet des doutes sérieux, parce que la tradition ou les histoires n’apprenaient rien de certain à ce sujet, se transporta un jour en cet endroit avec plusieurs de ses religieux. « Alors s’étant mis sur la sépulture même qu’on avait en si grand honneur, il pria Dieu de lui apprendre de qui était ce tombeau et quels mérites avait celui qui y était renfermé. En même temps il vit à gauche un fantôme horrible et affreux… Ce fantôme lui parle ; il lui dit le nom qu’il avait porté ; il confesse qu’il