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ciste ; puis, avec la permission de l’évêque, il se rendit en Pannonie afin de voir une fois encore ses parents, et, dans ce voyage il eut la consolation de convertir sa mère à la religion chrétienne. Son père, le vieux tribun militaire, s’opiniâtra dans l’idolâtrie. Martin, averti que saint Hilaire avait été exilé par suite des intrigues des hérétiques, ne revint point alors en Gaule. Mais il descendit en Lombardie et séjourna quelque temps à Milan d’où son zèle à combattre l’arianisme le fit chasser par des magistrats partisans de la secte. Bien plus, par leur ordre, Martin fut publiquement et cruellement battu de verges. Heureux d’avoir souffert persécution pour la justice, le saint se retira dans une solitude aux environs de Gènes, jusqu’à l’année 360, où saint Hilaire, ayant été rappelé de l’exil, son disciple se hâta de le rejoindre à Poitiers. Hilaire alors lui céda un petit enclos appelé Locociagum, aujourd’hui Ligugé à deux lieues de la ville de Tours, et Martin y bâtit un monastère, le premier, à ce qu’on croit, qui fut élevé dans les Gaules.

Sur ces entrefaites, le siége de Tours étant venu à vaquer, les habitants, par une pieuse ruse, tirèrent de sa retraite Martin qui, malgré son opposition, fut installé évêque aux acclamations du peuple et du clergé. Il ne changea rien à la simplicité ordinaire de sa vie, se contentant pour demeure d’une petite cellule attenant à l’église épiscopale. Mais s’y trouvant gêné par les bruits de la ville et surtout importuné par le concours incessant de visiteurs, il traversa la Loire, et remontant, le long du fleuve, un sentier escarpé, il alla s’établir avec quelques disciples dans la solitude si célèbre depuis sous le nom d’abbaye de Marmoutiers. Au bout d’un temps