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cette époque, il vécut dans la retraite, occupé de travaux littéraires et d’études graves dont il se délassait par le soin de ses jardins, les plus beaux qu’il y eut alors, et tout remplis de plantes exotiques. On citait tout particulièrement sa magnifique avenue d’arbres de Sainte-Lucie.

La popularité qui, chose inouïe, lui était restée fidèle pendant tant d’années, peut-être à la vérité parce qu’il se tenait éloigné des affaires, le fit derechef appeler au ministère en 1787. Mais se voyant sans influence aucune dans le conseil, il donna sa démission et se retira de nouveau dans la solitude, où cette fois la popularité ne le suivit point, trop occupée alors d’autres et nombreux favoris, mais non pas aussi dignes.

Malesherbes, d’ailleurs, exempt d’ambition et dans une retraite selon son cœur, entouré de ses enfants et petits-enfants, aurait pu vivre heureux si le caractère de plus en plus menaçant des événements n’était venu l’inquiéter moins pour lui-même que pour ses amis et parents, et surtout pour le roi auquel dans le fond il était sincèrement attaché, l’ayant vu de trop près pour ne pas lui rendre pleine et entière justice. Aussi, à la nouvelle du procès qui mettait en péril la vie du monarque, Malesherbes écrit noblement au président de la Convention.

« J’ai été appelé deux fois au conseil de celui qui fut mon maître dans le temps où cette fonction était ambitionnée par tout le monde ; je lui dois le même service lorsque c’est une fonction que bien des gens trouvent dangereuse ! »

Avec de Sèze et Tronchet, auxquels il faut ajouter le