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» nière un peu plus honnête. » Gaillard, à la vérité, répond à Voltaire, dont il accuse la partialité, quoique lui-même semble un peu suspect sous ce rapport : « C’est avec une vraie peine qu’on voit repousser, par l’humeur et l’injustice, ces discours si lumineux, d’où la vérité sort avec éclat de toute part et dont le ton, non-seulement mesuré, non-seulement respectueux, mais affectueux envers le prince, annonce des sujets non-seulement soumis, mais tendrement attachés à leur maître[1]. »

Malesherbes fut exilé dans ses terres et n’en revint qu’au bout de quatre années, lorsque Louis XV, mort, les anciens Parlements furent rappelés par son successeur, plus généreux que prévoyant. La popularité qu’avaient valu à Malesherbes sa disgrâce et la publication de ses nouvelles Remontrances, s’inspirant des mêmes idées que les premières quoique moins justifiées par les circonstances, le désignèrent, en même temps que Turgot, au choix du roi pour le ministère ; mais dominé par ses préoccupations, avec des intentions excellentes d’ailleurs, dans ce poste élevé, Malesherbes fit peut-être plus de mal que de bien : « Dès qu’il fut entré au ministère (comme garde des sceaux), on ne le vit occupé, dit le judicieux Weiss, que de tempérer les rigueurs du pouvoir et même trop souvent d’en affaiblir les ressorts nécessaires. »

Au mois de mars 1776, il sortit du ministère en même temps que Turgot dont il avait énergiquement soutenu le système. Pendant dix années, à dater de

  1. Vie et éloge de Malesherbes, 1806.