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À part un zèle exagéré pour les droits du Parlement, zèle qu’il devait aux conseils du célèbre abbé Pucelle, qui lui avait enseigné le droit public, Malesherbes ne mérita que des éloges pour la manière dont il remplit ses fonctions de président de la Cour des aides. « Il fit, dit le biographe cité plus haut, tout ce qu’on pouvait attendre de son dévouement au bonheur du peuple… et parvint à soustraire un grand nombre de victimes aux poursuites des financiers, entre autres l’infortuné Monnerat, qui, par suite d’une méprise, était resté deux ans dans les cachots de Bicêtre. »

On regrette d’avoir à dire que, comme directeur de la librairie, Malesherbes ne comprit pas aussi bien ou plutôt qu’il méconnut de la façon la plus étrange des devoirs non moins sacrés, plus sacrés même, encore qu’un panégyriste ait osé dire : « Ce fut véritablement l’âge d’or des lettres que celui où M. de Malesherbes en eut le département sous Monsieur son père » (le chancelier). Imbu malheureusement des doctrines prétendues philosophiques, il laissait publier, bien plus il couvrait de sa protection, dit la Biographie universelle, des ouvrages notoirement hostiles à la religion et à la royauté. Tolérance, non, c’est connivence qu’il faut dire, inouïe, inconcevable chez un esprit honnête, conseillé par un cœur droit, mais dont la sagesse tout humaine ne s’éclairait pas d’une lumière supérieure. Ce platonicien, par sa complaisance coupable pour l’erreur, à quels écarts n’était-il pas entraîné ? Voici ce que raconte Mme de Vandeuil, la fille de Diderot[1] :

  1. Notice, en tête de la Correspondance.