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personnages les plus éminents et en particulier de l’empereur Alexandre[1] lui adoucit, autant qu’il était possible, les amertumes de ce long exil dont il ne revint qu’au mois de mai 1817 ; mais, après la chute de Napoléon, il avait pu être rejoint à Saint-Pétersbourg par sa femme et ses filles.

De retour à Turin, le comte de Maistre fit paraître successivement plusieurs des grands ouvrages renfermés dans ses portefeuilles : Le Pape, l’Église gallicane, les Soirées de Saint-Pétersbourg, sauf l’épilogue qu’il ne put qu’esquisser, faute de loisirs suffisants, dans les derniers mois de sa vie.

Nommé chef de la grande chancellerie du royaume, il avait dû interrompre presque complètement ses travaux littéraires pour s’occuper de ses nouvelles et importantes fonctions, acceptées par lui à regret et dans l’intérêt seul de sa famille. Il les exerça peu de temps d’ailleurs ; car le 26 février 1821, succombant à une paralysie lente, à l’âge de soixante-sept ans, « il s’endormit dans le Seigneur. »

« Le comte de Maistre, dit son biographe, inflexible sur les principes, était, dans les relations sociales, bienveillant, facile et d’une grande tolérance : il écoutait avec calme les opinions les plus opposées aux siennes et les combattait avec sang-froid, courtoisie et sans la moindre aigreur. Partout où il demeura quelque temps, il laissa des amis… il se plaisait à considérer les hommes par leur côté louable. » Plus loin nous lisons

  1. Son frère Xavier fut nommé lieutenant-colonel et directeur du musée de Marine. Plus tard, son fils Rodolphe, admis à l’École des Cadets, obtint pareillement un grade dans l’armée.