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bonne foi, et dire, comme l’a fait, à ce qu’on assure, certain universitaire, que la lecture de J. de Maistre hébéte, c’est prouver qu’on glisse soi-même sur la pente qui conduit tout droit à l’idiotisme.

La fécondité, mais une fécondité qui ne trahit jamais l’épuisement, caractérise la manière de J. de Maistre. Il a produit beaucoup, et tous ses ouvrages, avec des mérites divers, sont à la même hauteur. Cependant, ce que nous avons peine à croire d’ailleurs, on affirme que d’importants manuscrits et de précieuses correspondances, trésors d’une amitié jalouse, se dérobent encore à la publicité. On ne saurait trop le regretter surtout en présence de cette lettre si touchante et si admirable à Mme de Costa sur la mort de son fils, qu’une indiscrétion, dont nous remercions M. de Falloux, a permis de nous faire connaître. Ces quelques pages peuvent servir admirablement pour nous initier à la lecture des œuvres du grand écrivain. Son cœur tout entier s’y révèle et l’on ne sait ce qu’il faut admirer davantage ou la noblesse et la générosité de ses sentiments ou la sublimité de son génie. Il y a là encore sur la Révolution française, qui plus d’une fois l’a si bien inspiré, des paragraphes d’une étonnante énergie. Mais ce qu’on apprécie surtout dans ce petit écrit, ce qui le fait goûter particulièrement, c’est la sincérité de l’accent tendrement ému, et cette pieuse sympathie d’une amitié chrétienne qui sait trouver, pour la plus poignante des douleurs, de si sublimes consolations.