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dre ; et près de cent cinquante ouvrages, écrits pour éclairer la question, n’ont guère servi qu’à en rendre la solution plus difficile. Les témoignages les plus nombreux semblent favorables à Gerson, chancelier de l’église de Paris ; mais d’un autre côté, Thomas à Kempis compte encore beaucoup de partisans. Cependant, une troisième opinion, celle qui présente Jean Gersen, abbé de Verceil, dans le XIII siècle, comme l’auteur de l’Imitation, a été renouvelée et soutenue dernièrement avec vigueur par le président de Grégory : toutefois cet ancien magistrat a rencontré un adversaire redoutable dans la personne de M. Gence, savant laborieux, qui a fait du livre de l’Imitation et de tout ce qui s’y rapporte une étude constante et en définitive peu de personnes admettent l’opinion du président Verceillois. »

L’opinion en réalité ne pourrait donc se partager qu’entre Gerson et Thomas à Kempis, chanoine du diocèse de Cologne, dont le nom se lit sur plusieurs manuscrits du 15e siècle et qui a pour lui le témoignage de quelques-uns de ses contemporains. À Kempis, cependant, d’après des autorités graves, à peine âgé de vingt-cinq à trente ans, lorsque parurent les premiers livres de l’Imitation, ne saurait être l’auteur d’un pareil ouvrage, fruit d’une longue et amère expérience de la vie : tout au plus en eut-il été le compilateur et le copiste. Maintenant ne pourrait-on pas admettre une troisième opinion formulée par des critiques qui ne manquent pas d’autorité, à savoir que l’Imitation n’est point à proprement parler l’œuvre d’un auteur unique, d’un individu isolé, mais celle du siècle tout entier pour lequel quelque génie anonyme, pénétré de ses idées,