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toute hypocrisie, de toute lâcheté, il a des explosions d’indignation qui consternent la foule et dont ses adversaires tirent parti pour le calomnier. M. de Vigny, que je ne range pas d’ailleurs parmi les ennemis de J. de Maistre, dans son beau livre de Stello, a parlé de l’illustre penseur dans des termes capables de faire reculer les plus intrépides. Le poète, dont j’accuse ici les exagérations, fait de J. de Maistre, ce chrétien sincère et pieux, ce vrai et grand philosophe, cet excellent père de famille, peu s’en faut un vampire altéré du sang humain, se délectant à le voir couler par torrents au pied des autels : « C’était ainsi qu’un homme doué d’une des plus hardies et des plus trompeuses imaginations philosophiques qui jamais aient fasciné l’Europe, était arrivé à rattacher au pied même de la croix le premier anneau d’une chaîne effrayante et interminable de sophismes ambitieux et impies qu’il semblait adorer consciencieusement…. Il a fallu à l’impitoyable sophistiqueur souffler, comme un alchimiste patient, sur la poussière des premiers livres, sur les cendres des premiers docteurs, sur la poudre des bûchers indiens et des repas anthropophages, pour en faire sortir l’étincelle incendiaire de sa fatale idée…. Il a fallu que le cerveau de l’un des derniers catholiques fouillât bien avant dans le crâne de l’un des premiers chrétiens (Origène), pour en tirer cette fatale théorie de la réversibilité et du salut par le sang, etc, etc. »

Ces calomnies d’une philanthropie un peu déclamatoire, tout en m’inspirant pour le génie, dénoncé de la sorte, une certaine aversion mêlée de crainte, fut un aiguillon puissant à ma curiosité pour faire connais-