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avait eu naguère pour élève Tallien qui, prévenu de l’arrestation de son maître, dont le souvenir lui était resté cher et vénérable, le fit mettre en liberté.

Au bout de quelques mois cependant, Lhomond jugeant de nouveau sa vie en péril, crut qu’il serait plus prudent de s’éloigner de Paris. Il partit donc, et à pied ; mais arrivé sur le boulevard de la Salpétrière, il se vit tout à coup assailli par deux militaires, ou prétendus tels, qui le laissèrent pour mort après lui avoir enlevé l’argent qu’il portait sur lui.

Relevé par des passants charitables, venus par hasard dans cet endroit alors désert, Lhomond fut transporté dans la maison la plus voisine, où des soins empressés le rappelèrent à la vie. À quelque temps de là, l’un des voleurs ayant été pris, Lhomond, par les bons offices d’une personne obligeante, recouvra son argent. Comme on le pressait d’ailleurs de ne pas laisser le crime impuni et d’en poursuivre la vengeance devant les tribunaux, il s’y refusa en disant :

« Je n’en ferai rien ; si vous vouliez faire tenir à ce malheureux la moitié de la somme qu’il m’a laissée, vous m’obligeriez, il peut en avoir besoin.

L’année suivante, Lhomond mourut tout probablement par suite de cette violente secousse.

Cet homme excellent, ce chrétien fervent et humble était un homme aimable, et sa conversation enjouée était souvent égayée par des bons mots qui faisaient de lui un causeur charmant comme un maître que ses élèves ne se lassaient pas d’entendre.

On raconte encore de lui cette particularité : il avait coutume de faire tous les jours, n’importe la saison et