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dans la société des petits enfants. Spectacle touchant et admirable ! Cet homme qui avait rempli le monde du bruit de son nom, dont la parole éloquente avait retenti dans les assemblées les plus solennelles, se trouvait heureux d’enseigner le catéchisme et les éléments de la langue latine à de jeunes écoliers et il souriait doucement en leur entendant réciter cette prière que lui-même il leur avait appris : « Mon Dieu, mon Créateur, ayez pitié de votre serviteur, Jean Gerson.»

À l’âge de soixante-douze ans, après avoir écrit les dernières pages de son Commentaire sur le Cantique des Cantiques, il s’endormit dans le Seigneur et sur sa tombe on grava ces deux mots qui résument sa vie : Sursùm Corda !

Ces mots ne pourraient-ils pas servir d’épigraphe à cet incomparable livre de l’Imitation, que Gerson, s’il en est l’auteur, comme il semble probable, écrivit précisément dans cette longue et silencieuse retraite au couvent des Célestins. « La plupart des traditions primitives, dit un biographe, parlent en faveur de Gerson. En outre, il est dans l’Imitation mille traits qui de près ou de loin rappellent les habitudes d’esprit, le caractère, la situation morale de Gerson au retour de Constance. Bien plus, il semble que l’âme de Gerson, désabusée du monde, après une douloureuse expérience de la vie extérieure, ait passé tout entière dans ce divin livre et s’y soit comme imprimée. »

M. Brunet, le savant auteur du Manuel du Libraire, est à la vérité moins affirmatif quand il dit :

« Quel est le véritable auteur de l’Imitation ? Trois siècles de dispute sur ce sujet n’ont pu nous l’appren-