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d’officier de la Légion d’Honneur, et l’Empereur en la lui remettant lui dit :

— C’est une récompense bien méritée !

Larrey, bientôt après, fut nommé inspecteur du service de santé des armées. Il joignit à ces fonctions celles de chirurgien en chef de la garde impériale, d’abord, et de la grande armée, ensuite, et fit, en cette qualité, toutes les campagnes d’Allemagne, Prusse, Pologne, Espagne, Russie. Lors de la campagne d’Allemagne, à la suite de la levée du camp de Boulogne, telle fut la célérité avec laquelle Larrey organisa le service des ambulances et hôpitaux de l’armée, que l’Empereur lui dit :

— Larrey, vous avez failli être prêt avant moi[1].

Dans cette campagne, comme dans toutes les autres, du reste, on aime à pouvoir dire que les blessés ennemis se voyaient recueillis et soignés dans nos hôpitaux et ambulances comme nos propres soldats. Russes, Autrichiens, Bavarois, Prussiens ou Français, Larrey, comme ses aides, ne faisait entre eux aucune différence. Ainsi que l’a dit un écrivain : « Après le combat, tous les blessés sont frères, à quelque nation qu’ils appartiennent. »

Pendant cette retraite de Moscou, qui fut un si complet désastre, la conduite de Larrey fut non pas admirable, mais au-dessus de tous les éloges…. « On le voyait passer des nuits soit à parcourir les ambulances, soit à panser d’anciens blessés ou des blessés échappés

  1. Larrey reçut à Austerlitz la croix de commandeur de la Légion d’Honneur ; après Wagram, il fut créé baron de l’Empire.