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dévouement et rendit d’immenses services. « Larrey, dit l’auteur déjà cité, semblait créer d’une parole des ambulances, des hôpitaux, des appareils, des écoles ; s’arrêtant sur les champs de bataille tout fumants de carnage, ou se jetant sous le coup même qui venait de frapper Caffarelli, Lannes, Arrighi, Beauharnais et tant d’autres ; s’identifiant avec toutes les douleurs pour en adoucir la violence par de doux pansements, pour en abréger la durée par ces grandes opérations dont la seule image effraie et que la gravité du mal ne permet pas de différer ; enfin, pour en adoucir l’amertume aux braves soldats, aux braves généraux dont il recevait les derniers soupirs ; tellement menacé lui-même qu’il voyait tomber autour de lui ses collaborateurs, ayant à lutter d’ailleurs contre les privations, contre un ciel de feu, contre la plus insidieuse et la plus cruelle des maladies, la peste. » Rappelons un intéressant épisode de cette campagne.

À la première bataille d’Aboukir, Larrey opérait, sous les yeux de Bonaparte, le général Fugières qui, ne croyant pas survivre à sa blessure, offrit à son chef, comme souvenir, un magnifique damas dont la lame était de la plus fine trempe et la poignée toute garnie en or.

— Je l’accepte, dit Bonaparte, mais c’est pour le donner à l’homme qui va vous sauver la vie.

Fugières en effet guérit, et Bonaparte, à quelque temps de là, remit à Larrey le précieux damas sur la lame duquel il avait fait graver : Aboukir, Larrey.

Revenu en France, Larrey fut nommé chirurgien en chef de la garde consulaire. En 1804, il reçut la croix