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dont il donna mainte preuve, comme de sa piété sincère et de son patriotisme. Ferme et courageux vis-à-vis des princes dont les factions déchiraient le royaume, il ne se montrait pas moins intrépide en face des passions populaires déchaînées. Lorsque les Cabochiens, maîtres de Paris, dominaient par la terreur et que, tous, à commencer par les clercs de l’Université, se taisaient, Gerson ne craignit pas d’élever la voix et de protester contre les violences en disant, d’après ce que Juvénal des Ursins nous rapporte : « Que les manières qu’on tenait n’étaient pas bien honnêtes ni selon Dieu, et il le disait d’un bon amour et affection. »

Si le chancelier n’eut pas la consolation de voir la pacification du royaume, du moins il fut témoin de celle de l’Église et de la fin du grand schisme d’Occident, grâce au Concile de Constance auquel il avait pris une grande part. Mais en quittant Constance, Gerson ne put rentrer en France où les Bourguignons, de nouveau maîtres de Paris, se vengeaient par de furieuses représailles des Armagnacs, et pendant quelque temps, il dut se résigner à l’exil.

Dès l’année suivante (1419), la mort de Jean-sans-Peur, tué au pont de Montereau, rouvrit au chancelier les portes de la France ; il se rendit à Lyon où l’un de ses frères, prieur du couvent des Célestins, lui offrit, dans le monastère, une hospitalité qu’il accepta. C’est là que s’écoulèrent dans le silence et la paix les dernières années d’une vie qu’avaient troublée tant de contradictions et de luttes et qui maintenant aux approches de l’éternité ne songeait qu’à se recueillir. On raconte qu’à cette époque Gerson se plaisait surtout