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Une pièce magnifique dans ce volume, trop mélangé à tous égards, est la Réponse aux Adieux de sir Walter Scott, parce qu’ici le poète est surtout poète.

Un reproche encore que l’on peut et doit adresser trop souvent à Lamartine, c’est la vivacité de certaines images, la fougue de passion qui, dans tels ou tels morceaux, fait explosion avec des accents fiévreux, témoin les pièces à Elvire ou ce fragment des Novissima Verba commençant par les vers :

Amour, être de l’être, amour, âme de l’âme,
Nul homme plus que moi ne vécut de ta flamme !
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Pourtant ces vers se lisent dans le recueil des Harmonies qui, sauf quelques pièces, pour la pureté de l’inspiration, l’élévation des pensées, l’accent religieux, est assurément le meilleur du poète, quoique, pour la perfection de la forme, le tome 1er des Méditations, où se trouve la Mort de Socrate, semble supérieur. Ce souffle profane, passionné, cette adoration de la créature s’exprimant dans une langue caressante comme les chants de la Syrène antique, rendent la lecture du grand poète dangereux parfois pour les jeunes gens et même pour d’autres, parce que cette ivresse, devenant contagieuse, tend à énerver les âmes. Aussi serait-il désirable que de tous les recueils on en fit un seul, composé de pièces de choix, des seuls chefs-d’œuvre dont la plus