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l’homme à des intérêts ou à des passions étroites pour revêtir une sorte d’impersonnalité. »

Quatre années après, reçu licencié ès-arts, il entra en théologie et, pendant sept ans, suivit les leçons de Pierre d’Ailly et de Gilles Deschamps qui l’initièrent à la connaissance des Pères et des Docteurs. En 1387, quoique simple bachelier en théologie, il fut choisi, par l’Université pour faire partie d’une députation envoyée au pape Clément VII. Ce fut huit années après, en 1395, qu’il remplaça, comme chancelier de l’Église et de l’Université de Paris, Pierre d’Ailly nommé à l’évêché du Puy. Ce n’était qu’à regret et comme forcé que Gerson avait accepté cette haute distinction dont les circonstances faisaient un fardeau si lourd, témoin ce fragment d’une lettre qu’il écrivait, vers 1400, à Pierre d’Ailly : « Le corps entier de la chrétienté est tellement envahi par le poison débordant des péchés ; l’iniquité s’est établie et a poussé de si profondes racines dans le cœur des hommes, qu’il semble qu’on ne puisse plus se fier aux secours et aux conseils de la prudence humaine. »

L’étendue et la profondeur du mal cependant ne paraissent pas avoir découragé son zèle ; il travailla de tout son pouvoir à ramener la paix dans l’église comme dans le royaume, et à réformer les mœurs, dans les divers ordres de l’état. Si trop préoccupé de certaines idées ou doctrines, dans lesquelles le gallicanisme était en germe, il se trompa quelquefois sur le choix des moyens, si le résultat ne répondit pas toujours à ses efforts, il faut, en faisant la part des circonstances, lui savoir gré de ses intentions, de son désintéressement