Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être enterré près de sa belle-fille à Épinay, mais en ajoutant : « Je désire vivement et je prescris de même autant qu’il est en moi que la bière dans laquelle ont été renfermées les cendres de mon épouse si bonne, si bienfaisante, si admirable, de mon amante adorée, que cette bière sacrée soit portée, après ma mort, dans le cimetière d’Épinay, à côté de celle de mon enfant si chérie, si regrettée et si digne de l’être, l’amie si constante des pauvres et des malheureux. »

La santé de Lacépède se ressentit de ses chagrins plus sensibles par l’âge. Déjà langissant, il fut atteint d’une variole à laquelle il succomba et qu’il avait contractée, d’après ses biographes, dans des circonstances assez singulières. Un jour qu’il se rendait à l’Institut, il rencontra, près du Val-de-Grâce, un médecin de ses amis M. Dumeril qui sortait de l’hôpital et de la salle où se trouvaient plusieurs malades atteints de la petite vérole. Le médecin, par distraction ou imprudence, prit la main que lui tendait Lacépède, la serra à plusieurs reprises, et ainsi, paraît-il, lui inocula le fatal virus.

Dès le lendemain en effet, la maladie se déclara avec une extrême violence et telle que notre savant jugea tout d’abord son état désespéré.

— Je vais aller retrouver Buffon, dit-il à son médecin.

Il ne s’effraya point cependant, pas assez même peut-être puisque, au dire de son biographe : « il ne changea rien à ses habitudes, il se leva et se coucha aux heures ordinaires » alors que sans doute de plus grandes précautions étaient nécessaires. À un certain moment, montrant à son fils ses mains gonflées, il lui dit :