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III

La passion de la science n’avait en rien nui chez notre savant à la tendresse de cœur. Seize ans après la mort de sa femme, le cœur encore tout plein de son souvenir, il disait : « Je ne sais pas comment ma vie ne s’éteignit pas au moment où je perdis l’ange qui faisait mon bonheur. »

Cette dame qu’il avait épousée veuve avait un fils de son premier mari, M. Gauthier. Lacépède, après la mort de la mère, adopta cet enfant qui fut sa consolation dans son immense douleur. Dans un papier qu’il portait habituellement sur lui, et qui fut trouvé après sa mort, on lisait : « En quelque endroit que je meure, je supplie tous ceux qui pourront concourir à faire exécuter ma dernière volonté de faire transporter mon corps dans le cimetière de la commune de Leuville (Seine-et-Oise.) C’est dans ce cimetière que mon amie, mon amante, ma femme, si vertueuse, si spirituelle, si aimable, si recommandable par son extrême bonté, son humanité éclairée, sa bienfaisance active, ses grâces, sa modestie, ses talents, ses connaissances et ses charmes ; si adorable par la douceur inaltérable, la résignation édifiante et la patience héroïque avec lesquelles elle a supporté pendant un an les souffrances les plus cruelles ; c’est dans ce cimetière, dis-je, qu’elle a voulu être enterrée auprès de son père, de son grand’père, de son premier mari, des respectables cultivateurs qui l’avaient vue naître. Là repose cette