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Souffrant encore d’une blessure reçue pendant le siége, Roze revint dans sa patrie pour achever de se guérir. Dès qu’il fut suffisamment rétabli, il partit pour Versailles où il se rendait d’après une invitation expresse du roi Louis XIV qui, en le félicitant de sa bravoure et de son zèle patriotique, lui remit la croix de Saint-Lazare avec le bon d’une gratification de 10,000 livres. Peu après (1707), Roze repartit pour l’Espagne et il se distingua entre les plus braves à la bataille d’Almanza. Chargé d’une mission secrète pour Alicante dont les Anglais s’étaient emparés, il fut fait prisonnier et ne recouvra sa liberté que lors de l’échange général. Revenu à Marseille, il y demeura jusqu’à sa nomination comme consul à Modon, dans la Morée.

Après trois années de séjour en Orient, de graves intérêts de famille le rappelèrent en France, en 1720, et, coïncidence remarquable, il entrait dans le port de Marseille en même temps que le vaisseau qui apportait, comme nous l’avons dit, le germe fatal du fléau dont les ravages devaient être si terribles. Roze, ou mieux le chevalier Roze, comme on l’appelait dès lors, avait fait preuve sur les champs de bataille d’autant d’intrépidité que de sang-froid, mais qu’était ce courage auprès de celui qu’il allait déployer sur ce nouveau théâtre et qui fait de lui, bien mieux que les plus célèbres exploits, un incomparable héros ? Car enfin, sur les champs de bataille, pour oublier le péril ou le mépriser, pour se montrer brave et très-brave, à moins d’un tempérament malheureux, il ne faut en quelque sorte que se laisser aller et céder à la nature. Tout vous