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la réconciliation et de la communion ; il porte le pain eucharistique dans les maisons et dans les hôpitaux, et il lui arrive souvent de le distribuer, lui seul dans une matinée, à plus de 4,000 personnes. »

Ses revenus passaient pour la plus grande partie en aumônes, et lui-même dans le secret, autant qu’il lui était possible, il se plaisait à visiter les familles pauvres pour leur prodiguer les secours en tous genres avec les sages conseils et les paternelles exhortations. Mais ce fut surtout lorsque Marseille se vit désolée par le plus terrible des fléaux,

La peste, puisqu’il faut l’appeler par son nom[1],

que la charité, que le dévouement de Belsunce éclata d’une façon non moins touchante qu’admirable, et rendit son nom illustre à jamais.

Dans les premiers jours du mois de mai de l’année 1720, un navire venu de l’Orient (Syrie) apportait le germe fatal. Plusieurs de ses passagers déposés au lazaret ayant succombé, le mal se propagea bientôt avec une effrayante rapidité, surtout quand il eut franchi la limite des infirmeries, et jeta dans la ville la consternation et la stupeur. Sous le coup de la première épouvante, beaucoup même des citoyens notables ou des fonctionnaires prirent la fuite. « On n’oublia rien, dit l’abbé Jauffret, pour persuader à l’Évêque que l’intérêt de la religion et celui de son peuple exigeaient qu’il mît ses jours à couvert.

  1. La Fontaine.