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la répétition[1], fut obligé de rester dans l’antichambre et l’affaire ne s’arrangea que longtemps après[2]. » Dominé par ses frères qui l’exploitaient et excitaient, par un calcul égoïste, les défiances auxquelles il était porté par sa surdité : « Il se brouillait facilement avec ses amis et il n’en est pas un seul avec lequel il n’ait été en froid une ou plusieurs fois… Mais aussi, dès qu’on parvenait à l’éclairer sur l’origine ou le sujet de la mésintelligence, il était le premier à avouer son tort ; non-seulement il en demandait pardon, mais il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le réparer. » Se faisant une fausse idée de l’indépendance, lui dont la faiblesse subissait à la maison un si misérable joug, il ne savait pas assez se plier dans le monde aux exigences de la vie sociale. Le prince Lichnowski, l’un de ses Mécènes les plus zélés, lui avait offert sa table régulièrement servie à quatre heures ; Beethoven accepta d’abord ; mais bientôt cette régularité lui devint à charge. « Quoi ! s’écria-t-il en se plaignant à quelques amis, faudra-t-il toujours rentrer chez moi à trois heures et demie pour me raser et faire ma toilette ? C’est insupportable, je n’y tiendrai plus. » Et il préféra manger chez le restaurateur.

Dans les salons de l’archiduc Rodolphe, son élève, il ne put davantage s’astreindre à l’étiquette. Fatigué des continuelles observations qu’on lui faisait à ce sujet, un jour, devant tout le monde, il aborde l’archiduc et

  1. Ce serait plutôt voir qu’il faudrait dire.
  2. Anders : — Détails biographiques sur Beethoven, d’après Wegeler et Ries.