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tra les applaudissements qui redoublaient au milieu de l’attendrissement général. » Deux ans après, l’illustre maëstro n’existait plus.

Les désordres de son neveu l’affligeaient profondément ; la pensée lui vint de faire entrer ce jeune homme dans un régiment, et, quoique malade, il se rendit à Vienne dans ce but. Mais à peine arrivé, il dut s’aliter atteint d’une fluxion de poitrine que compliquait l’hydropisie dont il souffrait antérieurement. Au bout de quelques mois, son état était désespéré. « Lui-même, dit le biographe déjà cité d’après Ries et Spindeler, connaissait son état et disait tranquillement : Plaudite, amici, comædia finita est. » La foule encombrait les abords de sa demeure ; les plus grands personnages se faisaient inscrire à sa porte. Le bruit du danger qu’il courait s’était répandu avec rapidité ; il parvint bientôt à Weimar où se trouvait le célèbre pianiste et compositeur Hummel qui partit aussitôt pour venir à Vienne se réconcilier avec Beethoven qui s’était brouillé avec lui quelques années auparavant : l’entrevue des deux maîtres fut touchante au delà de toute expression. Le 24 mars au matin, Beethoven demanda les sacrements qu’il reçut avec une profonde piété. Hummel entra dans sa chambre ; Beethoven ne parlait plus, cependant il parut se ranimer, il reconnut Hummel, une dernière étincelle brilla dans ses yeux ; il serra la main de son ancien ami, et lui dit : « N’est-ce pas, Hummel, que j’avais du talent ? »

Ce fut sa dernière parole, l’agonie commença et le 26, à six heures du soir, le grand artiste expirait. Beethoven avait fini de vider ce calice d’amertume in-