Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mant la déchéance de Louis XVI. Le maire de Paris, tous les moyens de conciliation épuisés, voyant que la réunion prenait un caractère de plus en plus menaçant, après avoir demandé les ordres de l’Assemblée, convoque la garde nationale, et à la tête de la municipalité, se présente devant la foule qu’il somme à plusieurs reprises, mais inutilement de se retirer. Il fallut avoir recours à la force, le drapeau rouge est déployé, les gardes nationaux font usage de leurs armes, le sang coule, et l’émeute se disperse en laissant sur le carreau un certain nombre de victimes, nombre qui, comme toujours, fut exagéré.

Dès lors c’en était fait de la popularité de Bailly qui trois mois après, quittant la mairie (12 novembre 1791), se retira d’abord à Chaillot, puis à Nantes ; mais là, chose triste à dire, le pouvoir central, alors aux mains des Girondins, le mit en surveillance et une lettre de Roland, ministre de l’intérieur, lui annonça que le gouvernement lui retirait le logement que, depuis cinquante ans, sa famille occupait au Louvre. En même temps on l’obligeait à payer une somme de 6,000 livres, à titre d’indemnité, pour le loyer de l’hôtel qu’il avait occupé comme maire de Paris. C’était pour lui la ruine et il ne s’acquitta qu’en vendant sa bibliothèque et sa maison de Chaillot. Et les temps menacèrent bientôt de devenir pires par la prédominance, dans l’Assemblée, des partis violents. Aussi l’un de ses amis, M. de Casaux, offrit à Bailly, le supplia même, de prendre passage à bord d’un petit bâtiment qu’il avait frété pour sa famille :

« Nous nous rendrons d’abord en Angleterre, lui dit