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sant aussitôt aux députés qui l’entouraient : « Il me semble, dit-il, que la Nation assemblée ne doit pas recevoir d’ordre. »

Ce langage ne peut étonner de la part de celui qui, trois jours avant, présidait la fameuse séance dite du Jeu de Paume.

Le surlendemain de la prise de la Bastille, Bailly, venu de Versailles à Paris, comme membre de la députation envoyée pour rétablir l’ordre, fut proclamé d’enthousiasme maire de Paris, en même temps que Lafayette était nommé commandant général de la garde nationale. Bailly, toujours un peu naïf, dit au sujet de cette nomination :

« Je ne sais pas si j’ai pleuré, je ne sais pas ce que j’ai dit ; mais je me rappelle que je n’ai jamais été si étonné, si confondu et si au-dessous de moi-même. La surprise ajoutant à ma timidité naturelle devant une grande assemblée, je me levai, je balbutiai quelques mots qu’on n’entendit pas, que je n’entendis pas moi-même, mais que mon trouble plus encore que ma bouche rendit expressifs. Un autre effet de ma stupidité subite, c’est que j’acceptai sans savoir de quel fardeau je me chargeais[1] ».

Le nouveau maire de Paris, en effet, le jour même de sa nomination put constater « que d’une visite faite à la halle et chez tous les boulangers, il résultait que les approvisionnements en grains et farines seraient entièrement épuisés en trois jours. Le lendemain tous les préposés à l’administration des farines avaient disparu. »

  1. Mémoires de Bailly.