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de l’académie et du public ? Cette autorité se composait de divers administrateurs (le type, dit-on, n’est pas entièrement perdu) qui regardaient les pauvres comme leur patrimoine, qui leur consacraient une activité désintéressée mais improductive ; qui souffraient impatiemment toute amélioration dont le germe ne s’était pas développé dans leur tête ou dans celles de quelques hommes philanthropes par naissance ou par privilége d’emploi. »

Malgré ce mauvais vouloir, la commission put remplir sa mission : « ce qu’elle fit avec une conscience qui n’avait d’égale que sa patience et sa fermeté. » Quelques extraits seulement du rapport de Bailly, analysé par Arago, suffiront pour montrer si la susceptibilité des administrateurs était légitime.

« En 1786, on traitait à l’Hôtel-Dieu les infirmités de toute nature… tout était admis, mais aussi tout présentait une inévitable confusion. Un malade arrivant était souvent couché dans le lit et les draps du galeux qui venait de mourir.

L’emplacement réservé aux fous étant très restreint, deux de ces malheureux couchaient ensemble. Deux fous dans les mêmes draps ! L’esprit se révolte en y songeant.

Dans la salle St-François, exclusivement réservée aux hommes atteints de la petite vérole, il y avait quelquefois, faute de place, jusqu’à six adultes ou huit enfants dans un lit qui n’avait pas 1 mètre 1/2 de large.

Les femmes atteintes de cette affreuse maladie se trouvaient réunies, dans la salle Ste-Monique, à de