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J’ai peur qu’il n’y ait dans ce portrait plus de fantaisie et de parti pris que de vérité ; dans tous les cas, Des Genettes, corrigé par l’expérience et la réflexion, pensait et surtout agissait bien différemment plus tard lui qui disait dans son Éloge de Hallé : « M. Hallé avait des volontés bien prononcées dès que cela devenait nécessaire. Ce n’était point de l’obstination mais du vrai caractère. Quand il entendait médire, il souriait finement et souvent avec dédain ; plus souvent il détournait la tête pour se boucher les oreilles. Quand il entendait calomnier des gens de bien, déprécier des services éminents, attaquer les institutions utiles et recommandables, c’était bien autre chose. En effet, lorsqu’il éprouvait des mouvements d’indignation, sa voix s’animait tout à coup, les expressions les plus heureuses accouraient en foule pour seconder sa pressante dialectique, et il s’élevait à une éloquence d’autant plus persuasive qu’elle jaillissait de son cœur. »

Voilà certes un noble langage, et qui répond victorieusement à ce qu’on a lu plus haut. Au mois de mars de l’année 1793, Des Genettes, par l’entremise de Thouret, directeur de l’École de santé et dont plus tard il épousa la fille, obtint un brevet de médecin militaire, et tout aussitôt il quitta Paris pour se rendre à son poste en Italie. « Il y passa trois années, servit sous plusieurs généraux, et comme il montra du zèle et surtout de l’humanité, un esprit capable et prompt, un caractère résolu, il obtint bientôt l’estime de ses chefs, la confiance du soldat, le respect même des étrangers, et ce fut de l’assentiment de tous qu’il franchit les grades intermédiaires : dès 1794, c’est-à-dire après une année