blée et même sur le comité. Le président, se tournant vers le petit de Marson, alors âgé de dix ans, lui dit :
« Que t’apprend-on ? »
« À cet interrogatoire qui ressemblait fort à celui fait par Athalie, la mère tremblante craignait que son fils n’eût un peu la franchise de Joas ; mais heureusement l’enfant répondit :
« On m’enseigne à être bon. »
« À ce mot si touchant, ces hommes de fer sentirent leurs entrailles s’amollir. On fit encore quelques questions à l’enfant qui y répondit aussi bien : la mère fut renvoyée chez elle et l’affaire assoupie. »
Le biographe, qui nous a transmis ce trait touchant, apprécie très-judicieusement l’omission inconcevable que Boileau a faite du Fabuliste dans l’Art poétique : « Il ne manque pas à La Fontaine de n’avoir pas été apprécié par Boileau ; mais il manque à Boileau de n’avoir pas apprécié La Fontaine. »
La Fontaine pour nous est surtout dans ses Fables ; c’est là qu’il se montre génie original, inimitable, en tant qu’écrivain, si parfois, comme moraliste, il laisse à désirer. Aussi nous comprenons que des esprits judicieux aient paru douter que ses Fables, du moins un certain nombre d’entre elles, puissent être mises sans inconvénient aux mains de la jeunesse. Peut-être même ses chefs-d’œuvre irréprochables de tout point et qui sont pour nous des joyaux sans prix, des diamants de la plus belle eau : Le Savetier et le Financier, le Lion et le Moucheron, le Meunier, son Fils et l’Âne, la Laitière et le Pot au lait, les Animaux malades de la Peste, et vingt autres gagneraient à n’être point déflorés en quelque sorte à