courant et de ce que le roi lui avait fait donner pour ses menus plaisirs. »
Tous ces évènements firent abandonner complètement la pensée du départ pour l’Angleterre ; et l’on peut douter que La Fontaine ait jamais songé sérieusement à cet exil, alors qu’il savait avoir en France des amis sur lesquels il pouvait compter. Dès qu’il put sortir, il se dirigea vers la demeure de M. d’Hervard, conseiller au parlement, et qui lui était tout dévoué. Chemin faisant, il rencontra le conseiller qui, avec la plus touchante bonté, lui dit :
« Je venais vous chercher, ma femme et moi nous vous offrons l’hospitalité de l’amitié et nous vous prions de venir demeurer avec nous.
— J’y allais ! répondit La Fontaine avec cette simplicité de la pleine confiance qui ne fait pas moins d’honneur au poète qu’à ses amis. La postérité doit une reconnaissance non moins vive à ceux-ci qu’à Mme de la Sablière puisque, grâce à eux, languissant, presque infirme, pendant les deux années qu’il vécut encore, La Fontaine se vit entouré de toutes les sollicitudes d’une affection presque filiale. Mme d’Hervard, jeune femme encore, fut pour le septuagénaire une garde-malade des plus dévouées. Ce fut dans les bras de ces deux excellents amis que La Fontaine mourut à l’âge de soixante-treize ans (13 mars 1695). Alors seulement on s’aperçut que sous sa chemise le poète pénitent portait un cilice, ce qui fit dire à Racine le fils.
Vrai dans tous ses écrits, vrai dans tous ses discours,
Vrai dans sa pénitence à la fin de ses jours,