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III


Mais d’ailleurs il resta toujours, pour lui-même et un peu pour les siens[1], aussi étranger à la vie pratique, ayant l’imprévoyance de l’enfant ou de l’homme primitif, et trouvant tout simple, pour faire face aux embarras du moment, de vendre pièce à pièce son patrimoine. Aussi la mort de Mme de la Sablière (1693) fut-elle pour lui un très-grand malheur. « En perdant cette illustre amie, La Fontaine perdit aussi les douceurs de la vie qui lui étaient les plus chères. Son repos et sa tranquillité en furent troublés. Il se vit isolé, et contraint de pourvoir à ses besoins devenus plus sensibles par l’âge et que l’attention et la générosité de sa bienfaitrice lui avaient laissé ignorer pendant une bonne partie de la vie. La nécessité, s’il faut le dire, pensa pour lors l’exiler de sa patrie. » En effet, peut-être il eût cédé aux sollicitations d’amis dévoués, la duchesse de Mazarin, Mme Harvey, veuve de l’ambassadeur, le duc de Devonshère, milord Montaigu, milord Godolphin, qui lui offraient, en Angleterre, par l’entremise de Saint-Evremont, une généreuse hospitalité lorsqu’il tomba gravement malade ; lui, qui si longtemps avait joui d’une santé excellente, il fut forcé de s’aliter ce qui dut lui rendre plus pénible la solitude. Mais cette grande épreuve était pour le poète une grâce singulière de la

  1. Son fils fut élevé par le président Hénault et La Fontaine paraît s’en être assez peu occupé.