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Puis coup sur coup, il se voyait enlever par la mort ses amis les plus chers, ce qui lui faisait écrire avec désolation : « Je ne vis plus que d’amitié et ce sera l’amitié qui me fera mourir. »

Parole prophétique, car la mort du duc de Beauvilliers, arrivée sur ces entrefaites, acheva de briser son cœur et, quatre mois après, Fénelon, que rien ne rattachait plus à la terre, allait rejoindre au ciel tous ceux qu’il avait aimés. « Sa mort comme sa vie fut celle d’un grand et vertueux évêque, dit Villemain qui ajoute : Quoique Fénelon ait beaucoup écrit, il ne paraît jamais chercher la gloire d’auteur ; tous ses ouvrages furent inspirés par les devoirs de son état, par ses malheurs et ceux de sa patrie. La plupart échappèrent à son insu de ses mains et ne furent connus qu’après sa mort… On peut remarquer, d’après ses lettres au duc de Bourgogne et la sévérité de ses jugements sur quelques généraux, que Fénelon avait beaucoup de douceur dans le caractère et beaucoup de domination dans l’esprit. Ses idées étaient absolues et décisives, habitude qui semble tenir à la promptitude et à la force de l’esprit. »

Cette tendance a dû contribuer à l’éloignement de Louis XIV pour Fénelon et n’était pas faite pour rapprocher de lui Bossuet, génie dominateur et inflexible, avec des formes moins conciliantes.

Un contemporain de Fénelon, un maître dans l’art de peindre avec la plume, nous a laissé de l’illustre prélat un portrait remarquable par la vigueur comme par la délicatesse de la touche, et d’autant plus intéressant pour nous que le peintre, on le sait, assez peu des