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Ce zèle patriotique et chrétien fut apprécié de Louis XIV qui n’en conserva pas moins contre le prélat ses préventions devenues incurables. Vers cette même époque cependant, vu l’âge avancé du roi, une catastrophe imprévue pouvait faire espérer à Fénelon un autre et meilleur avenir. Le grand Dauphin mourut, et son fils, le duc de Bourgogne, l’élève de Beauvilliers et de Fénelon, « se vit tout à coup rapproché du trône et du roi dont il était le confident et l’appui. » C’est alors que l’archevêque de Cambrai, dans la joie d’entrevoir la réalisation possible de ses espérances, écrit à St-Simon ces graves paroles qui résument en peu de mots tous les devoirs de la royauté : « Il ne faut pas que tous soient à un seul ; mais un seul doit être à tous pour faire leur bonheur. »

Le duc de Bourgogne, devenu roi, aurait-il répondu à l’attente de ses généreux amis, et, avec les intentions les meilleures et de hautes vertus, devait-il triompher de cette timidité et de cette indécision, venant du scrupule, qui l’avaient fait échouer comme général à la tête de l’armée ? Dieu le sait qui ne permit pas que se fit l’expérience ! Car, peu de temps après, le jeune prince succomba presque subitement aux atteintes d’une maladie dont sa femme, la princesse de Savoie, fut également victime.

La douleur de Fénelon fut profonde et de celles pour lesquelles il n’est point de consolations humaines ; car il aimait le prince non pas seulement comme son élève, j’allais dire son enfant, mais avec toute l’ardeur de son patriotisme intelligent dont témoignent ses divers mémoires au duc de Beauvilliers et ses écrits politiques.