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vient du dedans, ne leur laisse aucun sentiment pour tout ce qu’ils voient de délicieux au dehors. Ils sont tels que les dieux qui, rassasiés de nectar et d’ambroisie, ne daigneraient pas se nourrir des viandes grossières qu’on leur présenterait à la table la plus exquise des hommes mortels. »

Virgile chrétien et écrivant en prose n’aurait dit ni mieux ni autrement, on peut l’affirmer.

Mais avant le Télémaque, Fénelon avait publié plusieurs ouvrages fort appréciés, et l’un des premiers, son Traité de l’Éducation des Filles, qu’on a le tort de ne plus assez lire aujourd’hui ; car, à part un petit nombre de passages, il n’a rien perdu de son actualité et de son utilité. Je ne sais pas de livre sur l’éducation qui puisse faire plus de bien, qui soit plus rempli de conseils excellents, de leçons pratiques, d’observations prises sur le vif et d’après la nature. Ce court volume, qui vaut des centaines et des milliers de gros livres, est un trésor d’instructions précieuses dont les mères de famille doivent faire leur vade mecum et que je voudrais voir mettre dans la corbeille de la mariée tout d’abord avant les bijoux et les cachemires. Si je n’écoutais que mes prédilections, je le copierais ici en entier, car tout en est admirable la forme comme le fond, du moins je ne me refuserai pas la joie de quelques citations que personne, j’en suis sûr, ne pensera à regretter, fussent-elles un peu longues. Qui pourrait songer à s’en apercevoir, et pour faire connaître, admirer, aimer Fénelon, comme écrivain et comme homme, vaudront-elles pas mieux que tous mes commentaires et les plus élogieux ?

Détachons du premier chapitre cette page éloquente : «