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inspiration toute chrétienne, témoin ce merveilleux épisode des Champs-Élysées que l’auteur du Génie du Christianisme a tant raison de citer en exemple, car cette admirable prose, dans sa suavité, enchante l’oreille comme les plus beaux vers.

« … Ni les jalousies, ni les défiances, ni la crainte, ni les vains désirs n’approchent jamais de cet heureux séjour de la paix. Le jour n’y finit point, et la nuit avec ses sombres voiles, y est inconnue : une lumière pure et douce se répand autour des corps de ces hommes justes et les environne de ses rayons comme d’un vêtement. Cette lumière n’est point semblable à la lumière sombre qui éclaire les yeux des misérables mortels et qui n’est que ténèbres ; c’est plutôt une gloire céleste qu’une lumière : elle pénètre plus subtilement les corps les plus épais que les rayons du soleil ne pénètrent le plus pur cristal : elle n’éblouit jamais ; au contraire elle fortifie les yeux et porte dans le fond de l’âme je ne sais quelle sérénité ; c’est d’elle seule que ces hommes bienheureux sont nourris ; elle sort d’eux et elle y entre : elle les pénètre et s’incorpore à eux comme les aliments s’incorporent à nous. Ils la voient, ils la sentent, ils la respirent ; elle fait naître en eux une source intarissable de paix et de joie ; ils sont plongés dans cet abîme de délices comme les poissons dans la mer. Ils ne veulent plus rien, ils ont tout sans rien avoir, car ce goût de lumière pure apaise la faim de leur cœur ; tous leurs désirs sont rassasiés, et leur plénitude les élève au dessus de tout ce que les hommes vides et affamés cherchent sur la terre : toutes les délices qui les environnent ne leur sont rien parce que le comble de leur félicité, qui