et des éblouissements de l’esprit qui répugnaient à son bon sens pratique. »
La publication du Télémaque qui, par une coïncidence fâcheuse, sous le voile transparent de la fiction, semblait la critique ou plutôt la condamnation sévère de l’administration de Louis XIV, acheva la disgrâce de Fénelon ; l’archevêque de Cambrai même put craindre un moment qu’on ne lui créât des difficultés qui le paralyseraient dans l’exercice de son ministère pastoral. Mais cette appréhension n’était point fondée, le roi, faisant taire ses répugnances personnelles, non-seulement laissa toujours liberté pleine et entière au prélat pour tout ce qui concernait le salut des âmes, mais plus d’une fois il l’aida de sa protection.
Du reste, Fénelon n’usa jamais de cette protection qu’avec une grande réserve et pour faire le bien, se montrant dans son diocèse le modèle accompli des pasteurs.
Revenons au Télémaque qui, en dehors des circonstances indiquées plus haut, méritait son succès par le bonheur de l’invention, la solidité des pensées et surtout le charme du style auquel on ne pourrait reprocher qu’une certaine recherche de la phrase trop fleurie parfois. Cet excès de parure n’est pas le défaut des autres écrits de Fénelon, car dans leur élégance et leur correction, ils se recommandent en général par la sobriété de l’expression et l’auteur n’abuse pas de l’épithète. Pourtant je ne saurais désapprouver les louanges données par Chateaubriand à ce style tout imprégné du parfum de l’antiquité, tout virgilien dans la forme, encore que, dans la pensée, il s’élève jusqu’au plus pur idéal par une