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lui permettait de comprendre bien des choses absolument inintelligibles pour le fils d’un artisan ou d’un petit bourgeois. Ce poème, car, pour la plus grande partie, l’ouvrage, comme l’a dit excellemment Chateaubriand, n’est qu’une épopée écrite en prose harmonieuse, pour être goûté, exige non pas seulement un esprit cultivé, mais déjà une certaine connaissance du monde ; nous disons cela surtout pour l’épisode relatif à Eucharis et Calypso, pour celui du roi de Tyr, etc, destinés à prémunir le jeune prince contre certains écueils trop fréquents dans les cours, mais qu’il peut n’être pas sans inconvénient de faire prématurément connaître à d’autres. Les chapitres, j’allais dire, les chants consacrés à Idoménée et à la fondation de Salente, sont faits pour être lus ou plutôt médités moins par des écoliers que par l’historien et l’homme d’état, et je trouve qu’il y a exagération quoique avec un fond de vérité dans ce jugement d’un critique très judicieux d’ailleurs :

« Le livre dans son ensemble ne saurait être considéré comme un traité de politique pratique. À côté de maximes très sages on trouve des pensées chimériques et des détails un peu puérils. On sent en le lisant qu’on n’a pas affaire à un homme d’état. »

Que dans la pensée de Fénelon, l’ouvrage ait pu être même indirectement une critique du gouvernement de Louis XIV, on ne peut le croire alors que lui-même affirme le contraire en disant : « Je l’ai fait dans un temps où j’étais charmé des marques de bonté et de confiance dont le roi m’honorait… Je n’ai jamais songé qu’à amuser M. le duc de Bourgogne et qu’à