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L’ABBÉ DE L’ÉPÉE



« Un jour de l’année 1753, suivant toutes les probabilités, une affaire de peu d’importance amena l’abbé de l’Épée dans une maison de la rue des Fossés-Saint-Victor qui faisait face à celle des Frères de la doctrine chrétienne. La maîtresse du logis était absente ; on l’introduisit dans une pièce où se trouvaient ses deux filles, sœurs jumelles, le regard attentivement fixé sur leurs travaux à l’aiguille. En attendant le retour de leur mère, il voulut leur adresser quelques paroles ; mais quel fut son étonnement de ne recevoir d’elles aucune réponse. Il eut beau élever la voix à plusieurs reprises, s’approcher d’elles avec douceur, tout fut inutile. À quelle cause attribuer ce silence opiniâtre?

Le bon ecclésiastique s’y perdait. Enfin, la mère arrive, le visiteur est au fait de tout. Les deux pauvres enfants sont sourdes-muettes. Elles viennent de perdre leur maître, le vénérable P. Vanin ou Tanin, prêtre de la Doctrine chrétienne de Saint-Julien des Ménétriers à Paris. Il avait entrepris charitablement leur éducation au moyen d’estampes qui ne pouvaient leur être d’un grand secours. En ce moment décisif, un rayon du ciel révèle à l’étranger sa vocation. Sans aucune expérience