Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Il y a maintenant quatre ans que Benoit revenu en France, s’est fixé à R…[1] où il est né ; il y a acheté une jolie petite maison et un vaste jardin qu’il cultive lui-même, car il lui serait impossible de demeurer oisif. J’habite dans le voisinage de ce brave homme, et jamais je n’éprouve plus de plaisir que lorsque je m’entretiens avec lui. »

On n’en doute pas d’après le portrait que l’auteur nous fait du digne homme qu’il est difficile de ne pas croire peint d’après nature. Ne serait-ce pas Mathieu de Dombasle qui s’est ainsi pourtrait lui-même à son insu dans cette honnête homme si sympathique ? « Benoit a aujourd’hui soixante-quatre ans ; mais il jouit d’une santé parfaite qu’il doit à une vie constamment laborieuse ; à peine ses cheveux sont-ils gris et il conserve une vivacité qui ferait croire qu’il n’a que vingt ans. C’est un petit homme assez maigre, mais dont la physionomie est remarquable par le feu du génie qui étincelle dans ses yeux, et par un air de franchise qui prévient en sa faveur aussitôt qu’on le voit. Il a conservé toute la simplicité du costume et des mœurs des cultivateurs du pays qu’il a habité si longtemps ; mais dans ses vêtements, dans son ameublement, dans toute son habitation, respire la propreté la plus soignée.

« Il parle très peu lorsqu’il se trouve avec des étrangers ; mais dans ses entretiens avec les hommes qu’il voit habituellement, il devient très communicatif. On voit surtout qu’il éprouve un vif plaisir à parler d’agriculture : alors il parle beaucoup et longtemps. Cepen-

  1. Roville.