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pour aller cultiver leur petit bien… Comme la femme de Benoit était forte et aussi laborieuse que lui presque, tout cela fut labouré à la bêche et biné de leurs propres mains. »

Voilà qui est simple et primitif. Quoiqu’il en soit, à la fin de l’année, grâce à la vente du lait et du beurre, des grains et des fruits, il restait à l’ami Benoit un bénéfice net de 800 francs. « Il aurait bien pu employer cet argent à acheter des terres, car il y en avait alors à vendre à très bon marché et qui lui auraient bien convenu ; mais il s’en garda bien parce qu’il s’était imposé la loi de ne jamais acheter de terres que lorsque celles qu’il avait seraient parfaitement amendées, et lorsqu’il aurait du fumier en abondance pour en amender de nouvelles ; il savait bien qu’un jour (arpent) de terre bien amendé en vaut deux, et que les terres sans fumier ne paient pas les frais de culture. »

Benoit employa ses 800 francs à agrandir son étable ce qui lui permit de doubler le nombre de ses vaches et la quantité de ses produits. Bref, au bout de quatre années, il lui fallait une charrue et même deux pour labourer ses terres. Au bout de vingt années, Benoit était devenu presque riche ; mais, comme il arrive si souvent dans le monde, en même temps que la fortune le malheur venait frapper à sa porte. Successivement il perdit sa femme et deux enfants déjà grands, sa joie et sa consolation. « Accablé de tous ces malheurs, le pays où il les avait éprouvés lui devint insupportable ; il se détermina à vendre tout ce qu’il avait et à revenir dans son pays natal, pour achever ses jours dans la société de quelques parents qu’il y avait laissés.